Stéphane Gaudin

Jour après jour et depuis la plus tendre enfance, chacun de nous est l’acteur principal des situations dans lesquelles il est impliqué. Ces situations constituent, l’une après l’autre, les contextes successifs de sa vie. Ces contextes ont influencé notre comportement et le conditionnent aujourd’hui encore. Nous nous souvenons de quelques-uns d’entre eux. Nous avons occulté ou déformé ceux qui nous ont gênés. C’est parce que, volontairement ou non, nous empêchons certains d’entre eux de se manifester qu’ils peuvent nous perturber encore de temps à autre.

Quelles qu’elles soient, toutes les composantes de nos contextes de vie ont comme point commun l’émotion ressentie à chaque fois.

Aujourd’hui, quand nous vivons une situation analogue à l’une de celles vécues autrefois, c’est cette même émotion qui est réactivée. Lorsqu’elle est empêchée de se manifester, elle peut engendrer une distorsion de nature à provoquer une somatisation désagréable (phobie, angoisse, stress par exemple).

Sur le moment, jadis, ces émotions avaient dicté notre comportement. Il n’a pas varié depuis. Par exemple, nous ne participons pas à des discussions pour ne pas risquer de paraître insignifiants. Ou bien nous refusons de nous présenter à un examen par peur de l’échec, etc.

Aujourd’hui, avec le recul, certains de nos comportements ne nous conviennent pas. Nous voudrions ne pas les connaître. Aussi avons-nous occulté leurs causes ou avons-nous transformé leurs conséquences à notre avantage. Mais malgré tous nos efforts, les souvenirs que nous avons de la réalité antérieurement vécue sont toujours vivants, même si nous n’avons pas clairement conscience qu’ils sont à l’origine de nos comportements actuels et passés.

En élaborant notre biographie émotionnelle, nous réalisons à quel point les conditionnements affectifs comptent, nous discernons les mécanismes répétitifs dans lesquels nous nous sommes parfois enfermés, à notre insu. En observant nos comportements involontaires et inconscients, par exemple les rêves, nous comprenons d’autant plus nos mécanismes intérieurs. Ces prises de conscience permettent de dénouer progressivement les nœuds psychiques.

Il n’est jamais trop tard pour cela, à condition de réunir en soi la capacité d’agir, le courage de se « regarder en face », la détermination à engager un processus et à le suivre jusqu’à son terme, en se donnant les moyens, notamment sur le plan financier et sur le plan de la disponibilité personnelle.
Parfois les peurs d’agir inhibent la capacité d’agir. Mais la volonté d’effort permet de surpasser les frustrations engendrées par la peur d’agir.